Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/168

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trentaine d’adolescents et d’hommes mûrs, des visages hirsutes ou glabres, des yeux ardents, des gestes brusques, gesticulant, affirmant, s’interrompant et discutant avec passion et avec emportement. Après le silence et le calme de la rue c’est un tapage assourdissant. Gaston reconnaît beaucoup d’assistants à première vue, des poètes, des critiques, des journalistes à réputation déjà consacrée ; les autres sont d’obscurs comparses, des admirateurs ou des amis, de vagues intellectuels ou des curieux.

Son compagnon le présente à tous. La conversation diminue mais ne cesse pas. L’un lui tend la main, le regarde à peine et intercale un « enchanté de faire votre connaissance » dans une phrase qu’il dévide devant ses auditeurs ; l’autre murmure quelques mots en écoutant l’argument auquel il s’apprête à répondre. Deux individus qui parlent bas dans un coin, comme s’ils complotaient, se taisent à leur approche et ne se reprennent à chuchoter qu’après leur départ.

Le silence se fait tout à coup. Quelqu’un se lève et commence à lire un long travail intitulé : « L’humour chez les bêtes. » On s’attend avec plaisir à une causerie amusante, ironique et légère. Mais l’auditoire se re-