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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/173

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compromises et les plus incongrues ont cours, importées directement de Paris où elles font long feu sur les boulevards et dans les milieux Kamtchatka. Mais chez nous, dans une atmosphère intellectuelle appauvrie et raréfiée, dans des intelligences à moitié cultivées, sans la sève puissante et paradoxale qui peut leur donner une vitalité prodigieuse et momentanée, sans l’élan que leur impriment des génies dévoyés, incomplets mais certains, elles ont quelque chose de dérisoire, de misérable et de ridicule. Et les fruits qu’elles produisent sont racornis, ridés et pleins de cendre. C’est encore aux colonies que la France peut faire l’épreuve de ces nouvelles thèses artistiques : leurs résultats mauvais y sont plus tangibles qu’ailleurs, et démesurés.

Les discussions et les paroles bourdonnantes font un murmure sourd, un grondement profond, sur lequel se détache un éclat de voix plus aigu, un accent plus net et plus vibrant, une toux rauque. Un pamphlétaire dans un coin déverse des injures sur une école littéraire adverse ; on entend parler de la « sonorité creuse » de Hugo, avec un ton de dédain, pendant qu’un esthète joufflu, aux joues roses comme celles d’un bébé, plaide que la vie littéraire est impossible au Canada. Les