Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Paul Fort lui bouche tout son horizon littéraire. Son esprit a des œillères qui l’empêchent de regarder ailleurs. Il trahit ainsi l’étroitesse de son intelligence qui ne peut goûter plusieurs genres de beauté, ou le manque d’étendue de ses connaissances littéraires. Une admiration laudative et prolixe qui s’enfle dans son cerveau occupe toute la place.

Un autre est féru de Marcel Proust qui contemple les moindres mouvements de son âme avec la patience et l’insistance d’un fakir, et explique ses émotions dans de longues phrases entortillées, mêlées, surchargées d’incidentes et qui ressemblent à une rivière dont le cours descendrait, monterait, ferait des boucles, des nœuds, des détours, sans jamais arriver au but. Il y a des enthousiastes de Péguy, de Rodenbach, de Paul Claudel, qui les ont découverts un jour, s’en vantent continuellement, comme d’une trouvaille géniale, et leur accorde tous les talents pour se justifier d’en parler ensuite toujours.

On sent le cénacle de toutes parts à certaines admirations communes, à certains ostracismes violents, à l’air de famille dans les tournures des esprits.

Les théories artistiques et littéraires les plus