Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/178

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littéraires. Le déséquilibre de son esprit s’avère.

Il devient un des fervents des réceptions de Berthe Boisjoli, l’âme féminine du mouvement. D’une sensibilité un peu plus fine que le commun des jeunes filles, elle aime la poésie et le roman, mais surtout la gloire qui s’attache, par la parole ou par l’écrit, à des hommes célèbres, toute cette atmosphère de délicatesse, de sentimentalité et de raffinement du monde artistique où l’on est intelligent, spirituel et fin. Mais superficielle, trop légère et trop prise par le monde pour se perfectionner et s’élever, réduisant la littérature à l’étroitesse d’une mode, elle s’en sert comme d’un moyen social. Elle réfléchit les opinions, partage les idées, étale les préférences de la coterie qui la fréquente, incapable de découvrir elle-même une beauté d’auteur ou de formuler un jugement personnel. En passant par son esprit les arguments deviennent puérils, les pensées enfantines, et les admirations fanatiques et exclusives.

Éprise pour le moment de Pierre Loti et d’Albert Samain, qui décrivent d’angoissantes mélancolies ou d’ardentes amours dans un décor somptueux, Berthe donne de petits dîners orientaux. Tapis de perse, coussins