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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/182

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lancer à pleine vitesse dans les sentiers merveilleux de la vie.

Un jour il entre dans un musée. Tout au fond un mauvais moulage craqué et jauni saisit le regard dès l’arrivée. Gaston le remarque vaguement. Absorbé par des statues plus rapprochées, il examine avec lenteur et paresse, laissant ses yeux savourer la perfection des belles formes réalisées. De temps en temps il jette les yeux là-bas, puis regarde ailleurs. Il s’approche, comme fasciné. Puis il se trouve à côté, et, tout à coup se tourne vers elle.

Elle est là devant lui, l’écrasant de sa grandeur surhumaine, l’incomparable statue, la Victoire de Samothrace. Il l’examine d’abord en détail, les plis du vêtement flottant, le torse souple et fort, l’attitude des membres. Une émotion l’envahit. Il la voit toute maintenant, d’un coup d’œil. La victoire ? Oui, c’est bien elle, la vierge superbe et farouche, c’est elle, arrêtée tout à coup dans son élan formidable, dans sa course furieuse et éperdue, pour emboucher la trompette énorme, sonner au-dessus des mers et du monde, le cri de victoire triomphal, retentissant et immense, pour clamer jusqu’au fond de l’horizon la bonne nouvelle. Toutes les fibres