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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/183

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tendent vers cette sonnerie de vainqueurs, tous les coups de ciseaux révèlent la joie tumultueuse tandis que les ailes frémissantes sont relevées pour se rabattre avec une violence qui l’élèvera jusqu’au ciel. Oui, c’est elle la victoire figée dans le marbre blanc, avec un tel mouvement, une vie si puissante et si tragique, une vigueur si mâle, que l’on sent passer en ses nerfs, à la contempler, la folie du triomphe. D’autres artistes, plus tard, s’essaieront au même sujet, mais sous la force du même sentiment intérieur, leur héroïne aura la crise d’hystérie qui tord les nerfs et déforme la bouche ; elle ne sera pas de taille à le porter en soi sans faiblir et sans grimacer, sans voler en éclats, comme une argile trop fragile.

Et Gaston se tient en face de la déesse. Il admire ces vieux maîtres de l’humanité qui ont su exprimer l’infini sous une forme finie, rendre la plus violente émotion de l’âme sans obscurité et sans recherches ; comment ils n’ont pas laissé leur ciseau trembler sous la vibration de l’enthousiasme intérieur, et comment ils l’ont maîtrisé et contenu avec une force indomptable. Il est étonné par cette vigueur, surpris par cette fougue et cet emportement de l’inspiration, par cette simplicité