Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/87

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dire son désir ardent de revenir à terre tout de suite parce qu’on la plaisantait toujours un peu sur la jalousie de Pierre dont chacun s’était aperçu. Elle riait nerveusement, le temps passait, le crépuscule mourait en arrière du rideau des pins. Elle se mit à pleurer sourdement, la tête dans ses mains, l’amertume secrète de ses fiançailles lui remontant au cœur tout à coup. La gaîté s’éteignit comme une flamme sous un coup de vent. Ils revinrent en hâte.

Je la vis courir au coin de la véranda où Pierre se tenait, dans l’ombre, une main sur le bras du fauteuil. Annette enveloppa doucement cette main des siennes, arrivée en tapinois, sur la pointe du pied. Mais à ce contact, il fit un geste brusque, pour se dégager, et se leva très pâle. Avant qu’elle eût parlé, il lui disait déjà :

— Veuillez accepter mes plus sincères remerciements, mademoiselle, pour le plaisir que j’ai eu à vous voir et à vous fréquenter pendant ces courtes vacances. Je suis rappelé à mon bureau, et comme je devrai quitter Bellerive demain, j’attendais votre retour pour vous faire mes adieux.

Il la salua et partit sans que, stupéfaite et