Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/98

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Elle cessa bientôt de répondre à ses lettres. Paul allait la voir souvent. Ils causaient au salon ou bien ils sortaient. Le printemps triomphait au dehors. Il alourdissait la silhouette des arbres et verdissait les gazons par larges plaques. Un grand bonheur semblait attendre à portée de leur main pour qu’ils le saisissent.

Paul lui apportait des lilas qui répandent un parfum lourd et intoxicant, puis des muguets à odeur fine mais intense. Les grosses grappes et les tiges délicates ornaient vite une potiche bleue à long col. Pour lui donner plus souvent cette joie des fleurs il allait la surprendre chez elle.

Il semblait à Paul que son amour à elle ne faisait pas de progrès. Un soir elle fut absente ; quelquefois elle paraissait s’ennuyer un peu. Il ne pouvait savoir. Et lorsqu’il la regardait, il était remué par sa beauté de brune, ses yeux énigmatiques, les sourcils courbés et fins, les longs cils.

Il fut obligé de partir pour deux mois. Il lui annonça ce départ un soir. Marguerite demeura calme et ne posa point de questions. Elle se contenta du récit qu’il lui faisait. Les jours s’écoulaient et elle semblait avoir oublié. Puis, à la dernière heure,