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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/99

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elle s’adoucit soudain et lui accorda des faveurs de fiancé. Elle ne lui fit pas de recommandation cependant et ne lui imposa pas de promesse, comme c’est la coutume touchante. Il resta perplexe.

Il lui écrivit d’abord de longues lettres, des épîtres passionnées et prolixes de jeune homme épris. Aucune réponse ne vint. Il envoya une carte pressante et n’obtint pas plus de succès. L’éloignement et d’autres distractions continuelles refroidirent sa tendresse. Même il se rendit une fois, en automobile, avec des amis, dans la ville où elle habitait. Il passa devant chez elle. Elle rentrait justement d’une course et tenait son chapeau à la main, par les brides, avant d’ouvrir la porte. Il la salua d’un sourire et n’arrêta point. La vue de son visage lui mit pourtant au cœur une chaude douceur.

Il revint, ses vacances écoulées. Il s’abstint d’aller chez elle dès les premiers jours car il lui conservait rancune de son silence prolongé. Au bout d’une semaine il n’y put tenir. On aurait dit que Marguerite l’attendait. Elle avait une robe rouge feu qui avivait son teint. Elle était séduisante avec ses cheveux noirs qui lui tombaient sur la nuque. Il pensa qu’elle voulait le reconquérir.