Page:Desrosiers - Commencements, 1939.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
commencements

cent personnes avant 1629. En 1608, vingt-huit hommes hivernent au pays. Dans ces conditions, comment demeurer en un endroit aussi exposé sans l’amitié des peuplades environnantes ? Puis l’enlèvement de certains Indiens par Jacques Cartier et divers incidents ont légué des craintes : il fallut près d’un demi-siècle pour effacer la haine que les Indiens avaient conçue contre les Français. À plusieurs reprises dans la suite, les aborigènes tuent des traitants, des pêcheurs, à Terre-Neuve, sur le littoral du Golfe, en Nouvelle-France. Les tactiques des marchands suscitent des violences. En 1618, à Tadoussac, les Montagnais menacent les hivernants français. Au printemps de la même année, huit cents guerriers se massent aux Trois-Rivières pour attaquer Québec. Dans la Nouvelle-Angleterre, les Puritains doivent d’abord lutter contre les Indiens.

Enfin les sauvages vivent chez eux, et les Français sont des intrus qui pénètrent sur leurs territoires, s’y établissent et s’y fortifient.

Par ses offres d’assistance militaire, Champlain vainc d’un seul coup toutes les difficultés présentées par les relations de deux races si différentes. À son petit groupe de compagnons, il assure non seulement la tolérance des sauvages, mais encore leur bienveillance et leur amitié. Inutiles à un groupe nombreux, bien armé et puissant, celles-ci sont indispensables à une poignée d’hommes placés si loin de tout secours.

D’autre part, elles sont d’autant plus nécessaires que ces Français ne vivront pas toujours à l’abri de leur habitation de bois mal fortifiée. Loin de là, Champlain projette des explorations dans toutes les directions : le Saguenay, le Richelieu, l’Outaouais, le Saint-Maurice lui semblent autant de voies où il doit s’engager sans retard pour découvrir l’étendue et les ressources de la Nouvelle-France. Quand il ne peut s’éloigner lui-même, Champlain envoie des émissaires. Étienne Brûlé court en Huronie dès 1610. Du Vignau, Marsolet, d’autres, interprètes, recevront