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naient souvent des alarmes la nuit en songeant, et envoyaient leurs femmes et enfants à notre fort, où je leur faisais ouvrir les portes, et les hommes demeurer autour dudit fort. Ils appréhendent infiniment leurs ennemis, ajoute-t-il, et ne dorment presque point en repos en quelque lieu qu’ils soient ». Durant l’été 1609, il apprend que les Indiens ne descendent pas toujours à la traite par la route du Saint-Laurent. En revenant de l’expédition de l’année 1609, des Indiens rêvent à l’embouchure du Richelieu que des Iroquois les poursuivent : « Ce songe, dit Champlain, leur fit aussi tôt lever le siège, encore que cette nuit fut fort mauvaise, à cause des grands vents et de la pluie qu’il faisait, et furent passer la nuit dedans de grands roseaux, qui sont dans le lac Saint-Pierre, jusqu’au lendemain ». Champlain possède donc des idées très précises sur la supériorité des Iroquois, sur leur nombre, sur leur valeur, sur le danger qu’ils présentent. Sans doute, il ne prévoit ni la hardiesse des futures incursions, ni l’audace et la cohésion de ces guerriers ; et il croit probablement que la supériorité des armes à feu aura vite raison de ces adversaires. On ne peut tout de même le blâmer de ne pas deviner les temps lointains. Du reste, certaines phrases écrites par la suite indiquent que Champlain est disposé à aller beaucoup plus loin, à prendre beaucoup plus de risques qu’on ne le suppose généralement. Non, la guerre iroquoise ne l’intimide pas, et la prescience des batailles futures ne l’aurait pas épouvanté.

La promesse une fois donnée en 1608, Champlain ne recule pas devant l’exécution en 1609. Il quitte Batiscan avec les guerriers indiens ; après un court séjour à Québec, tous reviennent sur leurs pas et entrent dans le Richelieu. Les rapides obligent Champlain à abandonner sa chaloupe, incident qui dérange ses plans et le désarçonne un peu ; mais, dit-il, « je me résolus d’y aller, pour accomplir ma promesse, et le désir que j’avais, et m’embarquai avec les Sauvages dans leurs canots, et pris avec moi deux hommes de bonne volonté ». Les autres Français, des Ma-