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il a besoin de la coopération ou de l’assistance des Indiens.

En conséquence, il s’éloigne pour la Huronie. Conduit-il la division, le régiment, la compagnie que l’on pourrait imaginer ? Non, il n’amène qu’une dizaine d’hommes. Il prend part à l’expédition militaire qui tourne mal pour ses alliés, et il revient blessé. Lorsqu’il veut retourner à Québec, ces rusés sauvages ne lui trouvent ni canot, ni compagnons de voyage ; c’est qu’ils désirent le garder dans leur pays, lui et sa troupe, pour jouir d’une protection plus efficace contre les Iroquois et préparer des mesures de sécurité.

Durant l’hiver, Champlain voyage ; il prend contact avec des peuples nouveaux, et il tente de les attirer dans l’orbite de la France et du commerce des fourrures. Une querelle grave s’étant élevée entre les Hurons et les Algonquins, il agit comme arbitre dans l’intention de consolider la coalition laurentienne. « Je leur représenterai, dit-il, que le meilleur était de pacifier le tout, et demeurer amis, pour résister plus facilement à leurs ennemis… D’ailleurs, qu’ils étaient assez empêchés à repousser leurs ennemis qui les poursuivaient, les battant le plus souvent, et les prenant prisonniers, jusque dans leurs villages ; lesquels voyant une telle division, et des guerres civiles entre eux, se réjouiraient et en feraient leur profit, et les pousseraient et encourageraient à faire exécuter de nouveaux desseins, sur l’espérance qu’ils auraient de voir bientôt leur ruine ». À plusieurs reprises, Champlain donnera ainsi des conseils que les sauvages écouteront avec respect ; il possède non seulement le prestige, mais l’habileté et l’énergie d’un chef de coalition ; elles seront bien rares les occasions où sa volonté ne triomphera pas.

À ce moment, il entretient de très vastes desseins. Outre l’alliance d’un grand nombre de tribus, il prépare la construction d’une habitation au Sault Saint-Louis ; habitation qui ne serait pas simplement une factorerie, mais un ouvrage fortifié pour protéger ses alliés.