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alliance contre les iroquois

sursis du supplice pour les deux prisonniers iroquois. Un chef sauvage, le Réconcilié, deux autres Indiens et un Français du nom de Pierre Magnan partiront tout de suite pour les Cantons négocier la continuation de la paix et offrir les présents qui effaceront le souvenir du malheureux événement du lac Champlain. Cette ambassade quitte Cap de Victoire le 24 juillet : c’est certainement un triomphe personnel de Champlain.

Bien reçus tout d’abord, ces négociateurs sont massacrés plus tard par suite d’une ruse de quelques Algonquins qui ne partageaient pas l’opinion de la masse de leur tribu. Et de nouveau, c’est la guerre. Et cette fois, c’est la guerre avec toute son horreur.

Champlain ne pardonne pas facilement à ses alliés d’avoir ouvert l’ancien conflit. Dès ce moment, il devine la faiblesse incurable de la coalition laurentienne, et, dans ses écrits, un peu de mépris rejaillit continuellement sur les guerriers qui partent pour les vaines excursions d’où l’on revient triomphalement avec deux ou trois prisonniers. Ces escarmouches enveniment la plaie au lieu de la guérir ; elles provoquent ces attaques à fond qui mettront la Nouvelle-France sur le bord de la ruine.

Durant ces dernières années, Champlain inaugure une politique d’assistance à ses alliés, et principalement à la nation huronne. En 1623, il écrit, par exemple, la phrase suivante : « Le lendemain fut délibéré de faire quelques présents à toutes les nations, pour les obliger à nous aimer, et traiter bien les Français qui allaient en leur pays, pour les conserver contre leurs ennemis, et ainsi leur donner courage de revenir avec plus d’affection. Les sauvages, continue-t-il, accordèrent de mener onze Français pour la défense de leurs villages, contre leurs ennemis, dont il en demeurerait huit en leurs villages, et trois qui reviendraient avec eux au printemps en traite, deux autres Français furent donnés aux Algonquins, pour les maintenir en amitié, et inciter à venir en traite ».