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L’envoi de ces garnisons relève plutôt d’un programme commercial que d’un programme militaire. Cependant les résultats auraient pu être très bons, si ces soldats avaient bien rempli leur rôle, veillé à l’organisation de la défense, indiqué aux Alliés leur manque de prudence, de suite dans les entreprises ; s’ils avaient ordonné une surveillance générale de l’ennemi, de ses mouvements et de ses desseins. Mais transportés au milieu d’un peuple amoral, ces guerriers s’endorment dans les délices de Capoue, encourant en moins de douze mois les dénonciations de Gabriel Sagard et des missionnaires.

Enfin quel est le bilan de cette alliance contre les Iroquois lors de la Conquête des Kirke ? En trois circonstances distinctes, les Français ont fourni à leurs alliés l’appui de leurs armes, mais il ne s’est jamais agi de plus d’une douzaine d’hommes et de quelques rondes de munitions. Ensuite, ils ont mis en garnison chez leurs alliés une douzaine, tout au plus une quinzaine de soldats, afin de les rassurer contre les invasions de leurs ennemis. Mais cette politique spasmodique, mal dirigée et mal conduite, n’a jamais produit de grands fruits ; et elle a été appliquée en bonne partie entre les années 1623 et 1627, années de paix entre la Confédération iroquoise et la coalition laurentienne.

Et qu’ont obtenu les Français en retour ? Ils ont reçu les pelleteries, et les profits de ce commerce leur ont permis de prendre effectivement possession du Canada, c’est-à-dire de construire l’Habitation, de la maintenir, d’y entretenir une garnison, d’élever un fort, de défrayer des missionnaires, des interprètes et des commis. Québec a pu se développer un peu sans être molesté malgré la pauvreté de ses défenses et le petit nombre de ses habitants. Pendant ce temps, les explorateurs ont circulé dans toutes les directions avec l’assistance des Indiens, et ils ont placé sous le drapeau de la France les provinces de Québec et d’Ontario actuelles ; ils ont pénétré jusqu’au seuil des vastes plaines intérieures, et ouvert le chemin à des