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pourrait ; et celui de Bouvier fut avec ledit Iroquet Algonquin, qui est à quelque quatre-vingts lieues dudit saut. Ils s’en allèrent fort contents et satisfaits ». Puis, un peu plus tard la même année : « Je leur promis de leur donner un jeune garçon, dont ils furent fort contents. Quand il prit congé de moi pour aller avec eux, je lui baillai un mémoire fort particulier des choses qu’il devrait observer ». Quelques mois se passent, et voici d’autres départs : « Je les priai de mener avec eux deux jeunes hommes pour les entretenir en amitié, leur faire voir le pays et les obliger à les ramener ».

De 1608 à 1629, une dizaine d’interprètes partent ainsi à tour de rôle. Ils s’incorporent complètement à une tribu indienne, comme Étienne Brûlé qui abandonne Québec presque pour toujours ; ou bien ils vivent quelques années, ou au moins quelques saisons, avec les sauvages et reviennent à l’Habitation. Ceux qui sont bien doués apprennent un dialecte de façon suffisante, durant un seul hivernement.

Parmi les principaux interprètes de cette première période, il faut citer Brûlé et Marsolet, ces deux ouvriers de la première heure, puis Jean Richer, Jean Nicolet, Jean Manet, Nicolas du Vignau, Olivier le Tardif, les Godefroy, Jacques Hertel. En cette Nouvelle-France de la première époque, ils occupent une place importante. Soit à Québec tout d’abord, soit aux Trois-Rivières, soit au Cap de Victoire, soit au Sault Saint-Louis, ils sont présents chaque année et facilitent les opérations de la traite ; ils assistent aux nombreux conseils qui se rassemblent en ces occasions. Mais leurs attributions sont encore plus larges que celle-là. Ils renseignent Champlain sur la géographie, les ressources, les tribus du Canada ; ils organisent, dans les lieux éloignés où ils se trouvent, les expéditions annuelles de traite : Brûlé reçoit à cet effet cent pistoles par an ; ils maintiennent les bonnes relations entre Français et Indiens ; et, en général, ils servent d’intermédiaires, c’est-à-dire selon l’occurrence, de truchement, de plénipotentiaire, de négo-