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l’étude des langues indiennes

ciateur dans la discussion des problèmes de paix ou de guerre, des questions de justice et de commerce.

Ces connaissances linguistiques, les sociétés les rénumèrent un bon prix : la profession est fort prisée. Mais elles ont coûté un bon prix à ceux qui les ont acquises et qui les exercent : vivre avec les nomades, pendant un temps plus ou moins long, constitue l’une des plus dures expériences qui soient pour un Européen. L’existence chez les Hurons comporte moins de misères, mais un hivernement avec les tribus nomades, soit montagnaises, soit algonquines, peut détruire la santé même.

La science des interprètes est une science égoïste, une science qui ne se communique point. Marsolet refusera d’enseigner les moindres rudiments linguistiques à Gabriel Sagard, et ensuite au père Paul le Jeune. Ce n’est que par le plus grand des hasards qu’un jésuite obtient, durant l’hiver 1626, l’assistance d’un interprète dans ses études. L’explication de ce fait est la suivante : les truchements jouiront d’une situation privilégiée et ils obtiendront une rémunération d’autant plus forte que les individus aptes à remplir cet emploi seront moins nombreux.

En second lieu, les interprètes ne possèdent, en général, ni la culture, ni la préparation, ni peut-être l’intelligence nécessaires pour se livrer à des travaux littéraires : dresser des dictionnaires, élaborer des grammaires, rédiger des manuels. Ils parlent, à cette époque, un ou plusieurs idiomes indiens, mais ils n’ont pas le souci de les écrire, de formuler les règles et de remonter à l’abstrait.

Il faut donc attendre la venue des missionnaires pour voir s’organiser méthodiquement l’étude des langues américaines. Eux, ils doivent avant tout, pour exercer leur apostolat, apprendre à fond les dialectes : une connaissance imparfaite ne suffit point pour expliquer convenablement les problèmes spirituels et les points de controverse religieuse ; missionnaires, ils doivent vivre toute l’année en contact étroit avec