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Page:Desrosiers - Commencements, 1939.djvu/156

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commencements

pères Brébeuf, Daniel et Davost qui ont hiverné à Québec : « Ils ont bien étudié à la langue huronne ; j’ai tenu la main qu’ils ne fussent point divertis de cet exercice ». Lorsque l’habitation des Trois-Rivières se construit, il s’y rend avec le père Buteux et il dit : « Nous étudierons là la langue, quoiqu’avec moins de commodité qu’à Québec ».

La langue montagnaise devient bien vite sa spécialité. Il se transforme en professeur pour l’enseigner à ses collègues ; il la parle avec facilité. Mais il éprouve souvent « la difficulté de cette langue qui n’est pas petite ». Même en 1635, il écrira les phrases suivantes : « Outre cela, une partie de nous étudie fort et ferme la langue, occupation qui sera un jour d’autant plus utile, qu’elle est maintenant épineuse. Nous visitons encore les Sauvages, et, par nos bégayements, nous tâchons de jeter dans leurs âmes » les principes du christianisme ; « si nous avions la connaissance des langues, je crois que la foi prendrait de grands accroissements » ; les missionnaires ne peuvent « encore pleinement instruire les barbares ». Mais quand ce religieux parle ainsi, il songe aux subtilités du langage, à la perfection, difficile à acquérir, car il ajoute plus loin ce qui suit : « quelques-uns d’entre nous ont une assez grande connaissance de leur langue pour les instruire ».

Ces études présentent de nombreuses difficultés. Ainsi, il faudrait enrichir les idiomes indiens : « tous les mots de piété, de dévotion, de vertu ; tous les termes dont on se sert pour expliquer les biens de l’autre vie ; le langage des théologiens, des philosophes, des mathématiciens, des médecins, en un mot de tous les hommes doctes ; toutes les paroles qui concernent la police et le gouvernement d’une ville, d’une province, d’un empire ; tout ce qui touche la justice, la récompense et le châtiment, les noms d’une infinité d’arts, qui sont en notre Europe… ; toutes les paroles, tous les termes, tous les mots et tous les noms qui touchent ce monde de biens et de grandeurs, doivent être défalqués de leurs dictionnaires ; voilà une