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l’étude des langues indiennes

naissance de la langue, nous n’avons pas encore bien commencé à déployer les grandeurs de nôtre croyance » ; mais, pendant ce temps-là, on baptise, on prêche, on convertit, on sauve des âmes. Naturellement, les Jésuites veulent élever de solides et larges fondations linguistiques ; ils se tiennent en face d’une œuvre de longue haleine et l’entreprennent dans l’esprit qu’il faut, avec sang-froid et méthode.

Autrement, ces religieux n’auraient pas réussi, eux non plus. Car, malgré toutes les études et tous les travaux, n’est-ce pas en 1637 que la père Le Mercier écrira du père Daniel qu’il n’y a que « lui qui pût, après le R. Père Jean de Brébeuf, nôtre Supérieur, se démêler aisément en la langue ».

Les autres Jésuites, ils nourrissent simplement l’espérance à cette époque que Dieu leur « dénouerait bientôt la langue ». Ignorance fort relative d’ailleurs, car ils visitent les cabanes l’une après l’autre, et répandent la bonne parole : « Au reste les discours n’étaient pas bien longs, il faut apprendre à mettre un pied devant l’autre, avant que de marcher ».

Le père de Brébeuf est lui-même un excellent professeur pour ses élèves ; il consacre une partie de son temps et de son talent à leur communiquer ses connaissances. En voici un témoignage : « Depuis environ le 20 de février jusques à la semaine de la Passion nôtre principal emploi fut l’étude de la langue. Le P. S. (père supérieur) nous avait déjà composé quelques discours qui nous avaient grandement façonnés dans l’instruction des Sauvages, et pendant le carême il nous a expliqué quelques Catéchismes que Louis de Ste-Foy nous avait tournés l’an passé sur le mystère de la vie, mort et passion de N. S. qui nous ont encore grandement aidé nommément en ce point. Nous avions dessein de travailler cette année au Dictionnaire, mais Dieu nous a mis dans la nécessité de nous contenter de ce que nous avions ; on n’a pas laissé… de faire un grand progrès en la langue, de sorte que maintenant s’il est question de faire quel-