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traites et poste de traites

Les Hurons racontent alors une histoire qui explique en partie le sentiment d’insécurité qui les tiendra pendant toute cette traite. Après le combat de Cap de Victoire, ils avaient cédé à Champlain un prisonnier destiné à la torture. Ce captif s’était évadé au bout de quelques jours ; il était retourné dans son pays ; et il avait répandu la rumeur que Champlain lui-même l’avait remis en liberté et avait conclu avec les Iroquois un pacte par lequel six cents de ceux-ci se rendraient au Sault pour « attendre les Algoumequins, et les tuer tous ». Nombre de sauvages alliés ont pris peur à la suite de cette histoire qui a couru les tribus ; c’est pourquoi ils ne se trouvent point à Montréal au nombre de quatre cents, comme ils l’avaient promis.

Sur ce sujet, Champlain répond « qu’il n’y avait aucune apparence de laisser leur amitié » ; qu’il a été à la guerre avec eux et qu’il a envoyé son « garçon en leur pays pour entretenir leur amitié, et que la promesse que je leur avais si fidèlement tenue le confirmait encore ». Ces assurances donnent pleine satisfaction aux Hurons ; trois cents Algonquins arriveront, disent-ils, dans cinq ou six jours ; ils seront alors prêts à entreprendre une expédition de guerre contre les Iroquois. Mais c’est à Champlain qu’appartiendra la décision finale.

Celui-ci reçoit à cette occasion, et en plusieurs autres, de riches présents de peaux de castor. Puis il dit aux Hurons de troquer contre des marchandises le peu de fourrures qu’ils ont apportées, « ce qu’ils firent le lendemain ». Une seconde fois, les concurrents de Champlain s’emparent d’une bonne partie de ce butin, et Champlain s’impatiente encore : à nous, écrit-il, « toute la peine et aventure, les autres qui ne se souciaient d’aucune découverte, la proie, qui est la seule cause qui les meut, sans rien employer ni hasarder ». En un mot, le fondateur de Québec découvre, attire les tribus, manœuvre les sauvages avec diplomatie, entretient l’Habitation à Québec, verse un salaire aux