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employés, et tous ses concurrents, sans rien débourser, viennent partager le fruit de ce labeur. »

La traite a donc lieu le lendemain du premier conseil. Ensuite de quoi les agissements des sauvages deviennent étranges ; ils érigent une barricade pour protéger leurs wigwams du côté de la forêt ; mais ils plantent également des pâlis du côté des barques françaises. Comme raison, ils affirment qu’ils veulent se prémunir contre une attaque toujours possible de la part des Iroquois. Bien. On les laisse travailler. Et le même soir, vers minuit, les Hurons convoquent Champlain et son interprète à un second conseil.

L’assemblée pétune dans le grand silence : la nuit n’est-elle pas le temps le plus propice pour débattre les graves problèmes ? Et, enfin, les Hurons avouent les motifs de leur étrange conduite : « ils craignaient les autres pattaches, comme ils me donnèrent à entendre depuis… ils étaient fâchés de voir tant de Français, qui n’étaient pas bien unis ensemble, quelques-uns d’entre eux (Hurons) avaient été battus… Que si je retournais, que j’amenasse telle quantité de gens que je voudrais, pourvu qu’ils fussent sous la conduite d’un chef… qu’ils me voulaient autant de bien qu’à leurs enfants, ayant telle confiance en moi ».

Par ce résultat imprévu, on peut constater tout de suite dans quelle mesure la rapacité des négociants s’est donné libre cours : sévices contre des Indiens d’un naturel fier pour obtenir leurs fourrures de force, désordres, animosité mutuelle manifestée de si violente façon que les Hurons demandent maintenant que la traite se fasse sous l’autorité d’un seul chef. Si ceux-ci éprouvent de nouveau, comme au début, l’appréhension d’une agression à main armée, personne ne peut s’en montrer surpris.

Enfin, les sauvages invitent encore Champlain à visiter leur pays.

Au cours de sa réponse, Champlain ne justifie point les actions des négociants. Il ne répond qu’à