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ceux-ci lui enlèvent munitions, armes et voiles, afin de ne rien redouter de sa part ; un peu plus tard, ils lui remettent ses voiles et le laissent aller.

En vrais pirates de la mer, ces Basques persuadent ensuite aux Indiens que les Français empoisonneront l’eau pour les supprimer. Cette ruse grossière remporte plein succès : les Indiens attaquent une chaloupe française qui se dirige vers la terre ferme pour traiter ; ils la pillent et tuent un matelot ; de leur côté, les Français tuent une couple d’Indiens ; « et ainsi voilà les Français mal traités des Anglais, des Basques, et encore des Sauvages ». Mais ils réussissent tout de même à pêcher et à traiter un peu.

Cet incident de l’année 1631 montre l’importance de Miscou comme lieu de traite. Pendant un certain temps, un comptoir y existe. Les Indiens de la baie des Chaleurs viennent y troquer leurs fourrures.

Mais la liste des mésaventures françaises, pour l’année 1631, n’est pas close encore. Muni d’un congé du cardinal de Richelieu lui-même, un vaisseau du sieur de Caën s’éloigne des côtes de la France « pour aller audit pays y faire la traite, icelle présente année seulement… pour le rédimer de pertes qu’il remontrait avoir souffertes ». Émery de Caën s’embarque comme capitaine du « Don-de-Dieu », et il part avec l’ordre formel de monter jusques à Québec, et au-dessus s’il pouvait, pour faire sa traite avec les sauvages des Hurons ». Il semble qu’on reconnaît bien là l’audace du Cardinal.

Émery de Caën remonte le fleuve jusqu’à la tête de l’île d’Orléans. De là, il envoie porter copie de son congé au capitaine Louis Kirke par « Jacques Cognard, sieur de l’Espinay ». Des pourparlers ont lieu entre Anglais et Français ; « et ayant parlé par plusieurs fois audit sieur Gouverneur et aux commis de la compagnie d’Angleterre, pour nous accorder pour faire la traite par ensemble pour éviter aux désordres qui eussent pu arriver », les Kirke acceptent cette pro-