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traites et poste de traites

bien qu’on ne voit qu’ivrognes hurler parmi eux, se battre et se quereller ».

Le supérieur des Jésuites dénonce un désordre qui règne sans doute depuis quelque temps ; il le porte à la connaissance du grand public pour le supprimer ; il entreprend la longue bataille qui durera deux siècles et demi, qui se transportera de Québec aux Trois-Rivières, puis à Montréal, puis dans tous les Pays d’En-Haut, c’est-à-dire dans tout l’ouest du Canada.

En 1632, le Père Le Jeune trouve magnifique le spectacle de la venue de cinquante canots hurons ; mais l’année suivante, la scène devient pour ainsi dire unique : le 28 juillet se présente en effet en grand arroi une flottille huronne montée par près de sept cents hommes, tous « vêtus à la sauvage, les uns de peaux d’ours, les autres de peaux de castor, et d’autres de peaux d’élan, tous hommes bien faits, d’une riche taille, hauts, puissants, d’une bonne pâte, d’un corps bien fourni ».

À Québec, ces Indiens s’installent autour du magasin, c’est-à-dire dans les alentours de la Notre-Dame des Victoires d’aujourd’hui, en plein sous la terrasse Dufferin. Mais ils ne demeurent jamais bien longtemps. « Leur foire est bientôt faite, dit encore le Père Le Jeune. Le premier jour qu’ils arrivent, ils font leur cabanne ; le second, ils tiennent leurs conseils, et font leurs présents ; le troisième et quatrième, ils traitent, ils vendent, ils achètent, ils troquent leurs pelleteries et leur pétun contre des couvertures, des haches, des chaudières, des capots, des fers de flèche, des petits canons de verre, des chemises et choses semblables. C’est un grand plaisir de les voir pendant cette traite, laquelle étant finie ils prennent encore un jour pour leur dernier conseil, pour le festin qu’on leur fait ordinairement, et pour danser, et puis le lendemain de grand matin, ils passent comme une volée d’oiseaux ».