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Puis les gouverneurs du Canada ne sont point, en ce temps-là, les hauts personnages qu’ils sont devenus depuis. Ils assistent aux conseils ; ils pétunent avec les naturels ; les Indiens les invitent eux-mêmes, ou bien ils prient les missionnaires de les convier à une délibération ou à un festin. Pendant leur séjour, ils règlent ainsi avec la plus haute autorité du pays, non seulement les questions de traite, mais encore les problèmes de religion et les diverses affaires que posent constamment les relations entre les deux races.

Avant 1629, les Indiens visitent les deux monastères érigés l’un non loin de l’autre, sur les rives de la rivière Saint-Charles ; ils n’oublient pas maintenant de visiter Notre-Dame des Anges, des Jésuites, que des ouvriers remettent en état après le passage des Anglais. Les Indiens examinent tout, ils suivent même les cérémonies du culte ; mais il faut les surveiller attentivement : « on dit qu’ils dérobent des pieds aussi bien que des mains… ; prendre et n’être point découvert étant une marque d’esprit parmi eux ».

Mais durant la dernière de ces traites, se déroulent trois événements d’une importance singulière : le réveil de la guerre iroquoise, le meurtre d’un Français près de l’Habitation, les tentatives des Jésuites pour recommencer les missions huronnes.

Durant l’été 1633, la Confédération iroquoise prend l’offensive et attaque directement les Français. Le 2 juin, une pinasse remonte le fleuve ; elle se rend à Montréal pour protéger les flottilles de canots qui descendront à Québec. Elle longe les îles du lac Saint-Pierre ; des matelots sur la grève tirent à la haussière sans songer au danger ; ils doublent une pointe, et soudain ils tombent dans une embuscade bien préparée : de nombreux guerriers des Cantons les criblent de flèches. Deux Français restent sur le carreau et quatre autres, grièvement blessés, ne se sauvent que par un heureux hasard.

Et à partir de ce jour commence à se développer cette puissante offensive de la nation iroquoise qui