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Page:Desrosiers - Dans le nid d’aiglons, la colombe, 1963.djvu/110

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dans le nid d’aiglons, la colombe

qui la seconde, dont la jeune sainteté rayonne ; et aussi de sœur Louise Richard de St-Bernard, dépositaire. La donation est assez compliquée. En somme c’est « Dix mil livres argent de France en principal qui luy sont bien et Justement dues suivant deux déclarations faites », que Jeanne offre à la communauté ; sa vie durant, elle s’en réserve la jouissance « à titre de précaire ». Toutefois, les sœurs ne pourront utiliser cette somme « que pour leur Communauté establie en cette ville ». Les notaires Rimbauld et Adhémard paraphent cet acte.

Toutes les branches de la famille Le Moyne n’avaient pas également réussi dans l’entreprise de s’établir au Canada. Charles est maintenant anobli, il possède de vastes biens fonciers, tout comme Jacques Le Ber, mais il compte une nombreuse famille et ce n’est pas du jour au lendemain que l’on met en valeur des terres couvertes d’arbres énormes, de haute futaie. Mais ses frères et sœurs n’ont pas tous atteint l’aisance. Alors Jeanne se charge de l’éducation de neveux et nièces. Eux, ils ne la connaissent même pas, ils n’ont jamais vu cette tante recluse. On rapporte qu’ils viennent à la chapelle de la Congrégation et que, se plaçant en lieu favorable, ils tâchent de distinguer sa figure lorsqu’elle vient à sa fenestrelle pour communier.

Cette charité se manifeste jusqu’à la fin de sa vie. Marguerite Bourgeoys avait rêvé d’un pensionnat s’ajoutant au couvent qu’elle avait construit. Elle avait incité Marie Barbier et Marguerite Le Moyne, qui lui avaient succédé, à entreprendre cette œuvre. Les ressources manquaient et le temps passait. Jeanne est au courant. Elle est maintenant recluse ici depuis dix-neuf ans. Sent-elle sa fin prochaine ? On ne sait. Mais elle porte la supérieure du moment, sœur Marguerite Trottier, à entreprendre la construction toujours retardée. Elle la prie de ne