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Page:Desrosiers - Dans le nid d’aiglons, la colombe, 1963.djvu/123

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le terrible quotidien

vertu, et dans un recueillement que les personnes les plus dissipées éprouvent ordinairement à la fin dune retraite tant les choses quelle disoit étaient encourageantes ». En un mot, elles avaient le cœur chaud comme les disciples d’Emmaüs, après avoir causé avec elle.

Ces dernières confidences permettent de pénétrer plus intimement dans cette âme bien gardée. Une autre cousine, Anne Barroy, nous offre un témoignage concordant. En passant par le dehors, elle apportait les repas, autres nécessités et parfois des messages écrits qu’elle laissait à la grille de la porte intérieure. Ces derniers, Jeanne ne les lisait jamais sans avoir obtenu d’abord la permission de son directeur qui, après les avoir parcourus, jugeait s’il devait les lui remettre ou non. Elle rapportait la vaisselle et les billets indiquant, le cas échéant, les besoins pressants. Anne eut ainsi l’occasion de saisir quelques secrets qu’elle révélera plus tard. En plus, elle éprouva bientôt le désir d’entrer à la Congrégation. Jacques Le Ber lui offrira la dot nécessaire par son testament. Elle en profitera peu après. De toutes les bribes historiques qu’a laissées cette affaire, il faut conclure qu’elle obtint la permission de parler quelques fois à la recluse. C’est celle-ci qui arrangea probablement la question de la dot. Et lorsque Anne prit sa décision finale, Jeanne la félicita chaudement de se donner à Dieu dans une communauté qui s’était mise sous la protection de Marie, la voyagère. À cette occasion, elle exprima de nouveau son admiration pour l’œuvre de Marguerite Bourgeoys.

Parmi les personnes qui l’approchèrent dans les dernières années, il faut mentionner encore Charles, le fils aîné de Charles Le Moyne devenu baron de Longueuil, à la mort de son père. Il était son cousin de quelques années plus âgé qu’elle. Ils