Aller au contenu

Page:Desrosiers - Dans le nid d’aiglons, la colombe, 1963.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’envol de la colombe

Du point de vue humain, quelle mélancolie ! Par l’exercice d’un talent hors pair, Jacques Le Ber a ramassé une fortune considérable. Le fils aîné qui aurait pu continuer son œuvre est mort en France ; un autre a succombé dans les guerres de la Nouvelle-France ; un troisième a gaspillé sa part d’héritage ; le père s’en souvient dans son testament bien que Jeanne lui accorde plus facilement le pardon ; le plus jeune qui s’est voué à la charité, aux œuvres religieuses mourra à trente-huit ans. Son unique fille qu’il aime s’est séparée de lui et du monde, s’est confinée dans un reclusoir d’où elle ne sort pas, où il est difficile de l’atteindre ; sa femme est morte il y a déjà bien longtemps. À son foyer, des domestiques, des étrangers. À quoi bon tout ce grand travail de s’enrichir ? Heureusement, sa foi toujours vive l’introduit dans le domaine spirituel. Lui aussi, il se met à donner et il s’unit à Jeanne dans le sacrifice, dans l’expiation.

Et maintenant, il est mort ; il repose dans le sol de la chapelle. Il n’attendra pas bien longtemps la recluse, car, la santé