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au carrefour

ties qu’on pouvait exiger. On ne sait pas son nom ; on ignore s’il était jeune ou âgé. Jacques Le Ber est satisfait et il est un juge qui ne manque pas de sévérité. Jeanne Le Moyne est-elle du même avis que lui ? Rien n’indique qu’elle soit animée d’intentions différentes. D’autre part, dans ce ménage, c’est certainement l’époux qui garde l’autorité.

Alors, il expose le projet à sa fille. En elle, éclate tout de suite la violence d’une réaction qui l’éclaire sur elle-même. Elle se rejette instantanément du côté de la virginité. Elle veut prononcer le vœu de chasteté. Un conflit éclate entre elle et ses parents. Tout indique qu’il fut assez dur. Un Sulpicien, son confesseur, ou des Sulpiciens intervinrent. Dans l’abondance de son verbe, Jeanne trouvait un instrument pour se défendre et pour gagner les autres à ses idées. Mais le père ne manquait pas de fermeté, il désirait un grand avenir pour sa maison. Toutefois, l’affaire bien discutée, il ne peut violenter les dispositions de sa fille unique : son catholicisme l’en empêche. Il cède, mais avec prudence, et, l’engagement pris n’aura rien de perpétuel. Il aura le caractère d’un essai pour cinq ans.

Mais la solution n’offre de satisfaction à personne. S’engager dans la virginité et demeurer dans le monde semble bien insolite. Car, dans le même temps, Jeanne n’opte ni pour la Congrégation, ni pour les Hospitalières, ni pour les Ursulines, ni pour un ordre de contemplatives de France.