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IROQUOISIE

gain de cause, que les missionnaires demeurent sur le rivage et que leur départ est remis à l’an prochain.

Au sujet de ce meurtre, Champlain s’est servi d’un langage dur pour ses alliés indiens. Depuis 1609, c’est le cinquième Français assassiné à Québec. Il menace, il tempête, mais inutilement : ces primitifs obéissent à leurs impulsions premières. Cependant, il doit s’interdire d’en venir à la rupture. Il veut avant tout que la Coalition laurentienne conserve toute sa force. Au cours des conseils, il aborde largement le problème iroquois. La mort violente des trois Français aux îles du lac Saint-Pierre, les attaques dont les Nippissings ont été l’objet, la présence de partis d’Agniers sur le Saint-Laurent, lui ont non-seulement rappelé que la coalition laurentienne, dont dépend la vie de la Nouvelle-France, est gravement menacée, mais encore que la grande route commerciale qu’il a créée est profondément vulnérable. Toute son œuvre, cet ennemi du sud peut la détruire facilement. Il constate de nouveau, comme il l’a fait dans le passé, que l’Iroquoisie constitue un danger fondamental pour la Nouvelle-France ; que celui-ci provient de la nature des choses, de la distribution des tribus dans des territoires donnés, du commerce qui naît. C’est ainsi un conflit profond. Tout indique aussi que Champlain possède plus de renseignements que ceux qu’il a communiqués. Il n’a raconté que bien peu de faits militaires ; l’an prochain, les Relations Huronnes fourniront une peinture plus complète de la guerre en cours.

Voici, d’après le mercure français[1], un extrait de la harangue de Champlain : « Ce discours achevé le sieur de Champlain leur traite succinctement de la guerre et entreprise contre les Iroquois, qui faisaient un tel dégât dans les contrées, ravageant et empêchant le commerce autant qu’ils pouvaient, et qu’il les fallait détruire pour rendre le pays et les rivières libres. Pour ce sujet il y avait longtemps qu’il avait dessein de cela, ayant une grande connaissance du pays de leurs ennemis, de leur façon de se fortifier et combattre, comme il fallait les attaquer.

  1. Mercure Français, v. XIX, pp. 858-9, 841.