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IROQUOISIE

Et que pour venir à bout de cette entreprise, il en écrirait cette année au Roi et au Cardinal Duc, qu’il leur plût nous envoyer six vingts hommes aguerris et tels qu’il faudrait pour exécuter cette entreprise ; qui lui faisait les prier de venir à ce printemps pour en savoir les nouvelles. Et pour les y convier il leur fit présent de sept gros vignots… » Les Hurons accueillent naturellement cette harangue avec enthousiasme ; détruire ces ennemis « est la chose qu’ils désirent le plus en ce monde ». Et le journaliste qui tient la plume a déjà exprimé les mêmes idées sous une forme énergique : « Revenons à nos Iroquois, a-t-il dit, qu’il faut tôt ou tard détruire, et empêcher qu’ils ne donnent du trouble aux peuples qui doivent être libres sur les lacs et rivières d’aller et venir trafiquer paisiblement et librement avec les Français ».

Et ces paroles représentent en 1633 l’opinion bien arrêtée de Champlain. Car il les confirmera d’une façon officielle en écrivant le 15 août au Cardinal Richelieu une lettre qui expose les mêmes projets.

Le puissant ministre, dira-t-il, doit accabler les Anglais de sa puissance. En plus, son attention doit s’étendre « à un sujet qui se présente en ces lieux de faire une paix générale parmi ces peuples qui ont guerre avec une nation appelée Iroquois, qui tiennent plus de quatre cent lieues en sujétion, qui fait que les rivières et chemins ne sont pas libres. Que si cette paix se fait nous jouirons de tout, et facilement ; ayant le dedans des terres, nous chasserons et contraindrons nos ennemis, tant Anglais que Flamands, à se retirer sur les côtes, en leur ôtant le commerce avec lesdits Iroquois, ils seront contraints d’abandonner le tout. Il ne faut que cent vingts hommes armés à la légère pour éviter les flèches, ce que ayant avec deux à trois milles sauvages de Guerre nos alliés, dans un an l’on se rendra maître absolu de tous ces peuples en y apportant l’ordre requis, et cela augmentera le culte de la religion et un trafic incroyable »[1]. Voici maintenant d’autres détails. Les soldats que Champlain demande devront être « nourris à la

  1. Œuvres de Champlain, v. 6, p. 376.