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CHAPITRE IX


(1635)

L’épuisement des fourrures commence à jouer un rôle important dans l’histoire à partir, probablement, de l’année 1635. Et c’est tout d’abord dans la vallée du Saint-Laurent qu’elle se manifeste. La traite s’y pratique sur une grande échelle depuis le début du siècle ; et elle s’y pratique sur une petite échelle depuis plus longtemps encore, soixante-quinze ans environ, puisqu’elle y est née vers 1560.

Les Montagnais de Tadoussac semblent en manquer les premiers. Ils sont depuis longtemps les intermédiaires entre les Français et les tribus de l’intérieur. Ils empêchent par exemple les Bersiamites, tribu plus faible, de venir à la traite. Ces derniers récoltent nombre de peaux de castor et voudraient en disposer auprès des blancs. En 1635, ils se hasardent à Tadoussac. Les Montagnais les accueillent humainement « et quand ils les eurent en leur puissance, ils les mirent à mort traîtreusement » [1]. La région est peu peuplée ; les peuples de l’intérieur — du Saguenay, du lac St-Jean et du versant de la baie d’Hudson —, sont nombreux, de sorte que les Montagnais peuvent se tirer d’affaire.

La situation est plus grave aux Trois-Rivières. Après avoir marqué qu’une autre famine grave a ravagé ce pays durant l’hiver 1634-5, la Relation de 1635 dit que les Missionnaires veulent réapprendre la culture du sol aux Algonquins du lieu. Ces derniers ne mourraient pas alors de faim « et les castors se multiplieront beaucoup. Ces animaux sont plus féconds que nos brebis de France : les femelles portent jusques à cinq et six petits chaque année ; mais les

  1. RDJ, 1635-18.