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Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/190

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IROQUOISIE

se poursuit. Des bandes partent d’Huronie et d’Iroquoisie, comme c’est l’habitude, de temps immémorial, pour se mettre à l’affût autour des bourgades ennemies.

Les Hurons entrent dans une période d’optimisme. Ils se sont augmentés d’une première tribu en 1590, d’une seconde en 1610, et en 1638, une troisième accourt du sud. Le père Jérôme Lalemant raconte cette migration. Le peuple neutre, dit-il, est composé de même façon que le peuple huron, c’est-à-dire de peuplades disparates, mais toutes d’origine huronne-iroquoise. Or, l’une des tribus qui en faisaient partie, les Senrohronons, occupaient la frontière qui sépare le pays des Neutres de celui des Tsonnontouans. Ils livraient avec leurs alliés de belles batailles victorieuses ; la phrase laisse même entendre qu’à ce moment-là, Senrohronons et Neutres se défendaient contre les Iroquois. Cependant, la discorde naît plus tard. Les Neutres abandonnent les Senrohronons à leur sort. Et ceux-ci demeurent seuls, exposés aux coups des ennemis. S’ils veulent éviter l’extermination, ils doivent quitter leur pays. Alors ils députent leurs meilleurs ambassadeurs aux Hurons. Des conseils particuliers de tribu, des conseils pléniers de toute la nation, étudient les propositions qui leur sont soumises. Les Hurons décident d’adopter ces nouveaux alliés, « leur arrivée ne servant pas de peu à la défense et conservation du pays »[1]. Ils envoient même tout un groupe d’hommes pour faciliter cette migration de six cents personnes, et pour la protéger contre les attaques des Iroquois. Le transport des enfants, des vieillards, des malades, de quelques articles de ménage présente tout un problème. Le voyage s’accomplit parmi les difficultés inhérentes à ces sortes d’entreprises. Il est si pénible que plusieurs meurent en route, d’autres après leur arrivée, que d’autres sont longtemps malades. Cette nouvelle population est distribuée parmi la population huronne. La réception est partout excellente, les meilleures places dans les cabanes attendent les nouveaux venus. Les caisses de maïs de réserve s’ouvrent pour eux.

  1. RDJ, 1639-60.