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IROQUOISIE

en feu. Mais cet être humain carbonisé de la tête aux pieds, privé de ses mains et de ses pieds, trouve encore la force de se tordre dans les flammes, de se rouler, de sortir du brasier, de marcher sur les genoux et les coudes, mais toujours dans la direction de ses ennemis, et comme pour les attaquer encore et les obliger de nouveau à reculer. Enfin l’un de ces derniers s’arme d’un couteau, il lui coupe la tête et met fin à cette scène infernale.

Les missionnaires baptisent encore, entre autres, un Iroquois qui portera le nom de François. « Il était Agnier de nation, qui fait une des cinq des Iroquois, la plus éloignée de nos Hurons ». Voici comment il se trouve égaré dans cette bande onneyoute : il a quitté son pays pour échanger chez la tribu voisine ces grains de nacre contre des peaux de castor. Mais il se laisse entraîner au jeu, il perd son modeste avoir : il ne veut pas retourner chez lui les mains vides et il attend. Une expédition de guerre s’organisant chez ses hôtes, il décide d’y prendre part. Et il aboutit en Huronie, entre les mains des bourreaux. L’un de ceux-ci l’oblige à poser les mains sur le sol ; et il les lui transperce d’une tige de fer rougie au feu ; et pour que le trou s’élargisse, il fait glisser les mains le long de la pièce de fer. Un autre Huron lui perce les pieds de la même façon. Pour terminer plus tard le supplice, un troisième lui ouvrira le côté pour en arracher le cœur.

De nouveaux combats ont également lieu à la fin de l’automne 1638. On n’en connaît pas le détail. D’autres avaient pris place plus tôt. Les Relations contiennent quelques notations à cet effet. Les Jésuites s’établissent par exemple à Teanaustayaé ; ils y célèbrent la messe le 28 juin 1638. La première personne qu’ils y baptisent est un prisonnier iroquois que des Hurons conduisaient pour le supplice à un bourg voisin. Les missionnaires en baptiseront douze ou treize. C’est ainsi que les Hurons tirent vengeance de la perte de trente guerriers en 1637.

Il semble impossible de rattacher ces combats à la guerre des fourrures. C’est l’ancienne guérilla qui