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IROQUOISIE

de l’offensive font désormais défaut. La confiance en soi n’existe plus. C’est l’accablement sous les deuils répétés, les coups trop rudes, les malheurs sans fin. Dès 1640 un homme comme le Père Vimont, par exemple, sentira la fin ; il écrira la phrase suivante qui pourra paraître prophétique à plusieurs, mais qui n’était au fond que le résultat d’observations aiguës : « Il est à craindre que le comble de leurs péchés ne s’approche, qui porte la justice divine à les exterminer, aussi bien que plusieurs autres nations, dont les restes se sont venus réfugier parmi eux ; ce qui doit exciter plus que jamais la charité et le zèle de tout le monde pour secourir ces pauvres misérables, crainte qu’ils ne tombent dans leur dernier malheur »[1]. Toutes les pages frémissantes et héroïques des Relations écrites avant 1640 laissent à la fin prévoir le deuxième acte de la grande tragédie.

Quant aux tribus algonquines, elles n’ont plus aucun trait de ressemblance avec ces peuples sains et durs que Champlain a examinés à Tadoussac en 1603. Elles n’ont jamais été bien nombreuses. Ravagées trois fois de suite par des épidémies successives, elles cessent pratiquement en 1640 d’être un facteur militaire. Dans le même temps la famine et l’alcoolisme les ont rudement travaillées. Il ne restera pour ainsi dire que des bandes peu nombreuses. Des guerriers, comme Pieskaret, accompliront des exploits dignes des anciens, mais leur valeur ne remplacera pas le nombre.

Les conséquences de cet affaiblissement de la coalition laurentienne domineront le siècle. Les tribus qui la subissent, sont des alliées de la France ; leur pacte d’alliance date de 1603. Tout désastre qui les atteint, ne peut qu’avoir des répercussions dangereuses sur la colonie qu’elle a fondée.

  1. RDJ, 1640-62.