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CHAPITRE XII


(1639)

Le père Jérôme Lalemant arrive en Huronie. Il ne parle pas encore la langue du pays. Il emploie son temps à rédiger les connaissances que ses confrères ont acquises. Les Hurons comptent quatre tribus. Deux d’entre elles affirment qu’elles occupent le pays depuis deux cents ans. Et ces « quatre divers amas ou assemblages de quelques souches de familles… qui toutes ayant communauté de langue, d’ennemis et de quelques autres intérêts, ne sont presque distinguées que par diverses souches d’aïeuls et bisaïeuls, dont ils conservent chèrement les noms et la mémoire ; elles s’augmentent toutefois ou diminuent par l’adoption de quelques autres familles, qui se joignent tantôt avec les unes et tantôt avec les autres, et qui s’en séparent aussi quelquefois pour faire bande et nation à part… Et ces familles adoptées retenant toujours les noms et la mémoire de leurs souches, font encore diverses petites nations dans celles où elles ont été adoptées, s’y conservant un nom général et la communauté de quelques petits intérêts particuliers… »[1]. On dirait une page détachée de la Bible ; cette nation qui se sépare en « souches d’aïeuls et bisaïeuls » rappelle les tribus juives qui ont porté les noms des fils de Jacob.

Une tribu nouvelle venue du sud vient donc augmenter un peu la population huronne décimée par la maladie. Est-ce l’influence de ces ennemis des Iroquois, est-ce un afflux de confiance en soi qui trouble soudain la Huronie ? Mais en 1639, elle

  1. RDJ, 1639-50.