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IROQUOISIE

glais établis au nord et au sud ont empiété sur les territoires hollandais.

Pour attirer les immigrants et stimuler le développement du pays, pour faire échec aux plaintes qui fusent partout, la Dutch West India Company prend en 1639, une décision radicale : elle abandonne le monopole de la traite qu’elle détenait encore, elle permet aux premiers venus d’en partager le bénéfice avec elle, elle établit la liberté absolue.

Cette réforme est le signal d’une ruée vers le commerce des pelleteries. Toute une population se précipite vers Fort Orange. Van Rensselaer, dont le domaine entoure tout ce poste, se précipite dans ce négoce avec le projet de refaire en pratique le monopole à son bénéfice. Le grand commerce iroquois ne se conduit-il pas dans sa seigneurie, ou en passant dans sa seigneurie ? Ses tenanciers l’imitent. Les traiteurs libres arrivent, pleins de ressources, d’audace, d’initiative ; ils s’établissent dans Fort Orange, ils déborderont vite sur la seigneurie. Quelques uns sont de simples aventuriers, d’autres, des hommes d’affaires avisés, solides, prudents.

Les conséquences de l’ouverture du commerce des fourrures seront donc les suivantes : abolition de toute influence restreignante ; demande pour les pelleteries qui s’accroît dans des proportions insensées ; dure concurrence qui s’ouvre entre toutes ces personnes qui, pour obtenir des peaux, hausseront les prix à l’envi, s’efforceront de trouver des marchandises de traite qui plaisent aux Iroquois ; traiteurs qui adoptent des manœuvres plus ou moins loyales consistant à aller au-devant des Indiens dans la forêt, à les accaparer, à les séquestrer pour leur enlever leurs fourrures ; où bien à déployer des amabilités qui dépassent les limites du raisonnable, comme de les installer à table, de les servir soi-même, de s’humilier devant eux.

Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’en 1639, la production des fourrures est fouettée, stimulée, d’une façon massive ; et que des gens appliqués au gain, peu scrupuleux, ou qui ne voient que le profit immédiat