entrent dans le domaine de la traite à l’heure où justement l’annihilation du gibier se fait sentir nettement. Où les Indiens prendront-ils toutes ces peaux pour lesquelles cette légion de traiteurs offrent maintenant des prix si alléchants ? Les obtiendront-ils de gré ou de force des tribus voisines ?
Pour se représenter les dangers de la politique inaugurée en 1639, il n’y a qu’à rappeler une ordonnance passée le 31 mars de la même année par le directeur et le Conseil de la Nouvelle-Hollande, et publiée à Fort Amsterdam, aujourd’hui New-York ; contrairement, y est-il dit, aux ordres et commandements des Seigneurs des États-Généraux de Hollande et de la Dutch West India Company, des serviteurs de la compagnie et des colons « ont osé vendre aux Indiens des alentours des mousquets, de la poudre et du plomb, pratique qui a déjà été cause de beaucoup de mal, et qui ne peut être cause dans l’avenir que d’un mal plus grand, si l’on n’adopte aucun moyen… pour l’empêcher »… « En conséquence, l’ordonnance défend expressément à chacun de vendre aux Indiens, « sous peine d’être puni de mort »[1], des mousquets, de la poudre et du plomb.
Les chefs de la Hollande et de la Nouvelle-Hollande semblent comprendre très bien le danger de mettre des armes à feu dans les mains de la population indienne. Mais la vente est déjà commencée, comme on le voit. Et alors, tout béant, s’ouvre le danger non moindre d’introduire ces armes à feu dans la traite des fourrures, dans la grande concurrence entre nations indiennes et européennes, pour s’assurer des quantités de plus en plus considérables de pelleteries.
D’autre part, l’épuisement des fourrures en Iroquoisie se marque dès l’année 1639. Les documents hollandais qui jetteraient sur cette question une lumière crue, ont été en partie détruits. Ceux qui demeurent prouvent assez bien que malgré les prix
- ↑ Van Rensselaer Bowier Manuscripts, p. 426.