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IROQUOISIE


(1640)

La même petite guerre sévit aussi en Nouvelle-France, mais sous une forme plus bénigne encore. Ce sont les Algonquins qui sont les agresseurs. Au printemps, ceux de l’Île des Allumettes viennent visiter les Montagnais de Sillery. Les guerriers des deux tribus organisent une expédition. En passant aux Trois-Rivières, les Algonquins commencent à consulter leurs sorciers à l’ancienne manière. Ils poursuivent leur route, et chaque soir, ils n’oublient pas les cérémonies dont Champlain a donné la description. Enfin, les Iroquois les entourent alors qu’ils sont ainsi occupés. C’est un sauve qui peut. Les Algonquins lâchent pied très tôt : « …Les uns gagnent les bois, les autres les eaux, nous nous embarquâmes sur le grand lac sur lequel voguait l’ennemi, nous passâmes et repassâmes dans les dangers sans être découverts »[1]. Et cette phrase indique que certains groupes d’Iroquois, des Agniers tout probablement, sont à l’affût de nouveau sur le Saint-Laurent et guettent le convoi de fourrures.

Ici comme en Huronie, la guerre occasionne les mêmes alarmes : « La crainte qu’ils ont de leurs ennemis, les empêche d’aller à la chasse, pour conserver leur vie : ils ont tous les jours et toutes les nuits des visions ; ils voient, disent-ils, des Iroquois derrière leurs blés, ils en voient dans les bois, ils voient des canots voguant, ils en voient à l’ancre, ils en voient qui les poursuivent ; ils remarquent la piste de leurs ennemis sur le sable, ils reconnaissent le lieu où ils ont couché, les arbres où ils ont cueilli des fruits, ils les entendent même crier dans le profond des bois ; ils donnent mille fausses alarmes à nos Français ».

En Nouvelle-France, ce sont les Agniers que seuls on redoute. « …Il n’y a que la seule nation des Agniers, à proprement parler, dira la Relation, qui se soit déclarée ennemie des Français ; elle a trois bourgades bien peuplées, situées assez proches les unes des autres, sur trois petites montagnes »[2]. On croit que les

  1. RDJ, 1641-11.
  2. Idem, 1641-37.