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IROQUOISIE

fourrures, soit aux Trois-Rivières, soit dans une habitation en Iroquoisie même. Le projet de paix entre Iroquois et Algonquins alliés aux Hurons n’est pas sincère. Les négociateurs le présentent au second stage des négociations, quand celles-ci sont à la veille d’échouer. Mais ils n’y mettent aucune conviction. Et la conduite de leurs compatriotes les dément à chaque pas : les uns ne peuvent s’empêcher d’attaquer les canots algonquins, les autres attendent au lac Saint-Pierre le convoi huron. Les Agniers ont un besoin pressant de fourrures. Et c’est ce besoin qui ruine à fond leurs relations avec les Indiens du Canada. C’est de ces derniers qu’ils doivent obtenir des pelleteries. Concluront-ils des arrangements pacifiques à cet effet ? Mais tout arrangement pacifique suppose en effet que ce sont les Iroquois qui deviendront intermédiaires, réaliseront les profits, s’enrichiront. Les tribus canadiennes n’en voudront pas et les Français encore moins parce que les fourrures s’en iront à Fort Orange au lieu de venir à Québec. Il ne reste que la force. Les Iroquois sont condamnés à piller les Algonquins et les Hurons, c’est-à-dire à être en état de guerre avec eux et avec les Français. Tout traité de paix entre ces ennemis mettra fin à ce pillage des pelleteries des Indiens du Canada ; et, il ne sera jamais longtemps en vigueur, car les Iroquois ont un besoin vital de ces fourrures.

Toutefois, les Iroquois se sont montrés habiles diplomates. « Remarquez, disent les relations,… le procédé de ces peuples, et ne dites plus, que les Sauvages sont des bêtes brutes… Leur dessein était de faire une paix fourrée avec nous pour se délivrer de la peur qu’ils ont de nos armes, et pour massacrer sans crainte nos confédérés, nous pouvaient-ils plus finement induire à leur donner des armes ? Se pouvaient-ils plus finement insinuer en notre amitié, qu’en nous rendant nos prisonniers, nous offrant des présents ? …qu’en nous invitant en leur pays, nous assurant qu’ils nous préféraient aux Hollandais, nous extollant par-dessus le commun des hommes ? »