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IROQUOISIE

Naturellement, les Français ne peuvent accepter ces propositions. « …Il ne fallait point faire la paix avec ces peuples, à l’exclusion de nos confédérés… »[1]. C’est la politique française de tout le siècle qui se pose avec éclat. Vingt fois, trente fois, l’Iroquoisie proposera la paix à la Nouvelle-France, mais en excluant les Indiens Alliés qui lui fournissent des fourrures. Elle recevra invariablement une réponse négative. Les gouverneurs observeront toujours ce principe cardinal. Ils ne peuvent donner leur assentiment pour deux grandes raisons : ces Indiens vivent dans la colonie ou tout autour. Ils peuvent se tourner contre elle, et, très rapprochés, ils seraient plus dangereux peut-être que les Iroquois même. En second lieu, ces Indiens sont les pourvoyeurs de pelleteries. Leur destruction ou l’abandon aurait détruit la traite : « … Si les Iroquois avaient un libre accès dans nos ports, le commerce des Hurons, des Algonquins et des autres peuples qui viennent visiter les magasins des Messieurs de la Nouvelle-France, serait entièrement rompu… »[2]. L’alliance des Français avec les Algonquins est pour cette raison aussi indissolublement fixée que celle des Hollandais avec les Iroquois. Celle-ci est fondée sur la proximité, sur la géographie. Déjà, des intérêts sont liés de façon inextricable. Des deux côtés de la frontière, les peuples européens sont intéressés dans la survivance de leurs alliés indiens. Aussi, en 1641, les Français n’ont pas la moindre idée d’abandonner aux Iroquois la Coalition laurentienne affaiblie et impuissante. Les Iroquois la détruiraient ou bien ils lui imposeraient la dérivation des pelleteries canadiennes vers Fort Orange. Ils devinent l’appréhension des Français et ils offrent en compensation de venir eux-mêmes faire la traite aux Trois-Rivières ou de fréquenter une factorerie française ouverte en Iroquoisie. Toutefois, cette contre-proposition comporte pour les Français des risques et des incertitudes s’ils la comparent à la situation existante. L’Iroquoisie est située très loin de la Nouvelle-France et des relations commerciales entre les deux pays seraient sujettes à

  1. RDJ, 1641-45.
  2. Idem, 1641-45.