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IROQUOISIE

fort Richelieu. Ils se divisent en deux groupes à la rivière Saint-François. L’un comprend douze chasseurs ; il rencontrera tout de suite un parti de vingt Agniers. C’est tout d’abord un échange de coups de feu. Les Algonquins avaient quelques arquebuses, mais « les Iroquois en avaient au double »[1]. Leurs munitions une fois épuisées, les guerriers combattent à l’épée ; puis ensuite au couteau. C’est un combat acharné. De part et d’autre, quelques victimes tombent. À la fin, les Indiens canadiens doivent fuir, trois Algonquins et un Huron demeurant prisonniers. L’un de ces derniers est immédiatement brûlé ; les autres s’échappent et ils rapportent que presque tous les Iroquois sont blessés, quelques-uns gravement.

Deux autres bandes iroquoises sont dans le même temps en observation autour du poste. Un Huron adopté par les Iroquois est incorporé dans l’une d’entre elles. Il s’avance seul dans un canot, il demande à parlementer ; les Français le laissent approcher et entrer dans le fort. Ils le questionnent ; « Il répond qu’il est Iroquois et qu’il veut traiter de paix pour lui et pour ses compagnons »[2]. Il offre quelques peaux de castor comme présent. Quand on lui demande des nouvelles du père Jogues, il tend une lettre qui est bien de la main du missionnaire, qui est écrite en trois langues, — latin, français, italien, — et qui est adressée au Gouverneur-général. Le messager attendra-t-il une réponse ? Le Huron veut s’en retourner tout de suite. Il demande que l’on tire un coup de canon. Les Français obéissent. Trois ou quatre canots apparaissent tout de suite sur le Richelieu, ils se dirigent vers le poste. Les Iroquois veulent-ils vraiment engager quelque négociation ? Ou bien croient-ils que le fait d’avoir obéi aux désirs du père Jogues leur confère le privilège de fréquenter les Français ? On l’ignore. L’affaire demeure mystérieuse. Peu rassurés sur les intentions de ces gens, les soldats leur crient deux ou trois fois de s’arrêter. À la fin, ils tirent : les Agniers fuient vite et ils se dispersent dans la forêt.

  1. Idem, 1643-66.
  2. Idem, 1643-66.