Aller au contenu

Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
321
IROQUOISIE

ral. Celui-ci désirait en particulier que les Onneyouts signent le traité : voisins des Agniers, ils peuvent venir facilement guerroyer en Nouvelle-France.

L’absence des Iroquois de l’ouest est fort grave pour les Hurons, les Nipissings, les Algonquins de l’Île. Leurs véritables ennemis et adversaires sont ces tribus auxquelles ils font face à travers les forêts. Une paix qui ne les comprend pas contient peu de bénéfices pour eux. Les Tsonnontouans presque seuls mènent l’attaque contre la Huronie qui a grand besoin d’un répit et d’un repos prolongés.

Enfin la paix entre les Agniers, les Algonquins et les Hurons est subordonnée à des pourparlers ultérieurs ; la trêve durera tant qu’ils n’auront pas eu lieu.

Le traité de 1645, comme ceux des nations civilisées d’aujourd’hui, contient une classe secrète qui s’ébruitera dans quelques mois, et qui avait une extrême importance. C’est le journal des jésuites qui apporte cette révélation à la date du huit janvier 1646, et dans la langue latine seulement, sous la plume du père Jérôme Lalemant. Des rumeurs se sont alors répandues parmi les tribus ; et le missionnaire affirme que, malheureusement, elles avaient un fondement : « erat fundamentum in re ». Lors de la visite des ambassadeurs iroquois en 1645, ajoute-t-il, plusieurs questions s’étaient discutées en public. À un moment donné, Kiotsaton, surnommé Le Crochet, demande à Montmagny une audience particulière. Et l’ayant obtenue, il déclare au Gouverneur que les Français doivent abandonner les Algonquins à leur sort et conclure un traité qui ne comprendrait que les Français, les Hurons et les Iroquois. Il offre un présent à cet effet. Montmagny refuse d’accepter ce présent secret, ou sous terre, comme disent les Indiens, car s’il l’acceptait, il donnerait son agrément à la proposition. Les Iroquois lui ont fait déjà une offre semblable en 1641, sur la rive droite du fleuve, en face des Trois-Rivières. Il répond donc de nouveau que la chose est impossible. Le Crochet est alors désappointé. À partir de ce moment, il semble aux Français que la paix est compromise, que la conven-