Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
323
IROQUOISIE

Mais l’article est maladroit. Comment les Iroquois qui viendront attaquer les Algonquins distingueront-ils les catholiques des non-catholiques ? Et s’ils massacrent les premiers en attaquant les seconds, qui pourra leur adresser un reproche ? Et si les Algonquins ont vent de l’affaire, quelle sera leur réaction ?

Mais au fond, les Agniers peuvent imposer les conditions qu’ils veulent. C’est à prendre ou à laisser.

On l’a noté déjà : la paix de 1645 ne résout pas le grand problème agnier, celui des fourrures. Loin de là. Quand l’état de guerre existe, ils peuvent venir sur le Saint-Laurent, sur l’Outaouais, se rendre en Huronie, et de vive force, par des attaques à main armée, mettre la main chaque année sur d’importants lots de pelleteries. Mais aussitôt que la paix est conclue, ils doivent s’abstenir de ces raids, ils doivent trouver leurs fourrures ailleurs, ou d’une autre façon. Espèrent-ils les trouver maintenant dans des négociations avec les Algonquins et les Hurons ? Est-ce à cette fin qu’ils ont invité ces deux peuples à leur envoyer des députés ? Dans un livre récent, un auteur américain, Georges T. Hunter soutient cette version. Autrement, dit-il, le traité de 1645 n’a pas de sens car il ne comporte pas d’avantages pour eux. Cette thèse ne manque pas de vraisemblance, malgré l’absence de preuves directes et nettes. On a vu, au cours des conseils de Québec, toute l’importance que les Agniers attachent à ces futures négociations. Il se peut fort bien que les Agniers aient voulu exiger plus tard, des deux peuples canadiens la livraison de certaines quantités de fourrures en retour pour la tranquillité qu’ils leur laisseraient. Livraison non pas gratuite, mais à bas prix, de manière à laisser une marge de bénéfices aux nouveaux intermédiaires, les Iroquois.

Cependant, il est un point qu’il ne faut pas oublier. Les Agniers obtiennent par la paix la permission de chasser dans la zone neutre entre la coalition laurentienne et l’Iroquoisie. Le gibier à poil y abonde. Les autres tribus iroquoises ont peut-être commencé déjà à chasser dans l’Ontario qui devient plus sûr