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IROQUOISIE

et les Français ; ils ajoutent encore que « les Français y avaient consenti, et qu’ensuite on n’attendait plus que l’occasion d’exterminer les Atichasata, et que 300 Agnierspourraient bien venir à la mi-février pour l’exécution de ce dessein ». Ces Iroquois révèlent ainsi l’existence de la clause secrète, et même l’avantage que leurs compatriotes veulent en tirer, projet qu’ils ne mettront pas à exécution maintenant, mais qui n’attendra pas longtemps.

Ce Huron quitte les Agniers au fort Richelieu ; il se rend à Montréal où il avertit un chef de sa nation ; il revient aux Trois-Rivières avec ce dernier qui le charge d’aller à Québec pour avertir Atironta, un autre chef. Il arrive maintenant avec les lettres, et il se met tout de suite à la recherche d’Atironta qui hiverne à Québec et loge à l’hôpital.

Ces rumeurs se répandent partout. Le gouverneur des Trois-Rivières les apprend. Il interroge l’Agnier qui n’a pas quitté le poste. Il apprend ainsi que la nouvelle est exacte et que le traité de paix de 1645 ne s’applique pas aux Algonquins païens. Après avoir entendu ces déclarations sensationnelles, il croit nécessaire de rassembler le conseil, des Algonquins, pour les leur communiquer « afin qu’ils prissent garde à leurs affaires »[1]. Et le père Jérôme Lalemant qui raconte l’incident dans le journal des jésuites, ajoute la réflexion suivante : « … Ce qui était admirable là-dedans était que nos PP. ne nous mandaient rien de tout cela. Mais le plus considérable était qu’erat fundamentum in re… ». Continuant en latin, il rédige un bref récit et un résumé de la clause secrète.

Atironta, le grand chef huron, juge la nouvelle si importante, qu’il part de Québec le 16 janvier 1646 pour se rendre aux Trois-Rivières, avec une couple de ses compatriotes. Un Agnier qui est dans le même moment à Québec, demande la permission de retourner en son pays avec l’Agnier des Trois-Rivières ; L’un et l’autre devinent qu’ils ne sont plus en sûreté dans la Nouvelle-France. On la lui accorde. Et le père De Quen, qui habite Sillery, donne avis que les

  1. Idem, p. 27