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IROQUOISIE

nouvelles, il rend visite aux deux Iroquois dont l’un a 26 ans, l’autre dix-sept, et qui sont tous deux hommes bien bâtis et robustes.

Quand le conseil s’ouvre, Champlain parle le premier. Ses paroles sont énergiques et droites. Les Algonquins, dit-il, ont commis une grande faute en laissant partir quelques guerriers ; ceux-ci ont commis une lâcheté en capturant des Iroquois qui se reposaient sur la foi des traités. Cet acte, tous les Algonquins peuvent le payer cher un jour à moins que tous ensemble, ils ne trouvent un remède. Le point difficile sera de persuader aux Iroquois que les Algonquins agissent maintenant de bonne foi. Autrefois, c’est Simon qui, alors qu’il avait la qualité d’ambassadeur, a tué un Iroquois ; maintenant, ce sont des Algonquins qui capturent et torturent deux Iroquois en pleine période de paix.

Champlain rappelle à l’assemblée les malheurs de la longue guerre qui sévit depuis 1570 : les canots qui ne pouvaient plus circuler sur le fleuve ; la pêche et la chasse qui ne pouvaient se pratiquer sans courir d’horribles dangers ; nomades nécessairement divises en petits groupes, ils étaient à la merci des partis ennemis. Leur existence n’était qu’une suite d’alarmes, de paniques, de malheurs ; incapables de vivre dans des bourgades fortifiées, ils étaient sans cesse exposés aux coups de l’ennemi.

Les Français, ajoute Champlain, n’ont aucun intérêt direct dans l’affaire. Guerre ou paix, peu leur importe. Toutefois, ils ont le souci du bien-être des Algonquins, des Hurons. C’est pourquoi, après avoir examiné l’état des affaires, ils donnent le conseil suivant : bien traiter les prisonniers, les renvoyer sans leur infliger aucune autre torture ; pour réparer la faute commise, recueillir des présents et les offrir aux bourgades d’où viennent ces prisonniers, comme le veut la coutume ; révéler aux Iroquois et répandre partout que ni les Capitaines, ni les Anciens n’ont autorisé l’expédition des jeunes fols qui se sont rendus au lac Champlain.