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IROQUOISIE

meurt sous l’effet des supplices en Iroquoisie, est brûlé avec des écorces et des tisons. Un Algonquin tente de fuir et il est assommé à coups de hache. Un autre est d’origine iroquoise, il a été capturé très jeune : les Iroquois l’épargnent.

D’après l’autre version, un groupe d’Algonquins de l’Île avait quitté les Trois-Rivières bien décidé à recommencer la guerre. Il s’était rendu au pays des Onnontagués et il en avait massacré cinq. Des Onnontagués se rendent ensuite au grand conseil convoqué pour étudier les propositions de l’ambassade algonquine ; ils arrivent furieux, et assomment à coups de hache les députés qui viennent du Canada.

Enfin, le jeune Iroquois gardé comme otage en Nouvelle-France, subit aussitôt les tortures ordinaires. Les Algonquins se servent avec rage contre lui de l’alène, du couteau et du feu.

Ainsi se termine la paix de 1624. Elle avait à peine duré trois ans. « Ces nouvelles, dit Champlain, nous apportèrent un grand déplaisir »[1]. Il n’a que bien peu de sympathie pour les victimes. Le Réconcilié avait tué deux Français à Québec en 1617 ; ce meurtre avait conduit Algonquins et Français sur le seuil de la guerre. Avant de passer en Nouvelle-France, Pierre Magnan avait assassiné un homme à coups de bâton près de Lisieux. Mais les Iroquois l’ont mis à mort lorsqu’il représentait la France ; son exécution est une insulte pour elle. « …Nous avions un légitime sujet de nous ressentir de telles cruautés barbares, exercées en notre endroit, et en la personne dudit Magnan », dit Champlain. La France doit être sensible à cette insulte ; en agissant autrement, on n’acquiert ni « honneur ni gloire parmi les peuples ». Les Indiens n’ont aucune estime pour les particuliers qui préfèrent « les biens et traite aux vies des hommes »[2]. Mais que peuvent faire les Français impuissants ? Cet incident demeure dans la mémoire de Champlain comme une pointe de flèche acérée. Mais vu les attaques de quelques individus algonquins, comment blâmer les Iroquois ?

  1. Œuvres de Champlain, v. 5, p. 231.
  2. Idem, v. 5, p. 313.