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les opiniâtres

son grand désir de sauver ses enfants et son mari. Et si la volonté de l’autre ne correspondait pas à la sienne ? Devait-elle abdiquer et abandonner à un autre le sort de ces êtres ? N’était-ce pas les trahir ? Les mêmes vocables revenaient, inexorablement ; ne dressaient-ils pas un autel où s’accomplirait un sacrifice ? Mais que pouvait-elle ? Que valait la protection qu’elle-même offrait ? N’était-ce pas sagesse de se confier tous à une puissance secourable ? Enfin Ysabau se résigna. Un peu de soulagement descendit en son cœur.

Les jours suivants, Ysabau constata que les autres colons avaient éprouvé les mêmes sentiments. Sans s’être concerté avec son voisin, chacun avait érigé un autel fruste ; l’angelus, les prières du soir et du matin se récitaient dans toutes les maisons. La Nouvelle-France avait perdu espoir dans les secours humains. Et le renouvellement de la guerre produisait une épouvante.