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les opiniâtres

de cuivre pendait au bout de la crémaillère. Presque tous les dimanches, ils apprêtaient des repas de fantaisie composés de quelque gibier, poisson ou produit local : perdrix, outardeau, orignal, chevreuil, maskinongé, blé d’Inde, sirop ou sucre d’érable.

Ils s’attablèrent. Dans l’abri de ces murs, Ysabau se sentait plus gaie que dans la solitude du dehors. Elle taquinait David Hache :

— Maintenant, vous allez prendre femme ; quand on défriche, c’est toujours pour une famille.

— Jérémie ! Madame Ysabau, on n’en fait pas deux comme vous.

Après le souper, ils firent encore de l’escrime, tendirent des arcs. Puis, la nuit venue, Jacques Hertel, Marguerie et sa sœur retournèrent au fort dans leur canot hérissé d’épées et de mousquets.

Pierre et Ysabau rentrèrent dans la cabane chaude et sèche. Ysabau rangeait les meubles et la vaisselle.

— Pierre. Dis-moi, Pierre, c’est insensé ce que vous me faites faire. Si ta maman me voyait tirer du mousquet, penses-tu ?… Pierre, pourquoi me faites-vous pratiquer toutes ces armes ?

— Je veux une vraie compagne, déclara Pierre, et non une esclave ou une domestique ; je veux que tu chasses avec moi, pêches avec moi. Est-ce que je pourrais aimer une gourde ?

— Si tu désirais une dégourdie, tu es bien servi, vraiment… Mais toute plaisanterie à part, Pierre, pourquoi m’apprends-tu à nager ? Pourquoi Pierre ?

— Je veux…

— Tu te répètes, Pierre. Vous êtes là autour de moi, tous les trois, vous m’encouragez : Pourquoi ?

Il s’approcha d’elle sournoisement par en arrière. Il l’enlaça.