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la chambre a donc, de fait, dit aux électeurs de Russell : « Vous n’avez pas voulu élire M. Fellowes, eh bien, nous jugeons à propos de l’élire nous ! »

Lord Sydenham lui-même, jusqu’à ce jour le type de l’immoralité politique en Canada, se trouve relégué sur le second plan par cette décision inouïe. Jamais pareil acte d’impudeur n’avait encore étonné les honnêtes gens en ce pays !

Maintenant, que les électeurs de St. Hyacinthe particulièrement me permettent de leur rappeler qu’un des points sur lesquels l’Hon. M. Sicotte insistait davantage, l’automne dernier, dans ses allocutions électorales, c’était la nécessité de moraliser les hommes publics du pays !!

Quelle magnifique école de morale publique et privée que cette Chambre d’Assemblée qui déclare compétent à siéger dans son sein un député qu’elle affirme officiellement ne devoir son siège qu’à une minorité des électeurs !

Comme l’Hon. M. Sicotte, qui a laissé protéger O’Farrell par son confrère le Procureur-Général, qui a lui même protégé les députés de Québec, qui a lui même défendu et excusé le député Fellowes, doit s’applaudir des moyens nouveaux et inusités de moralisation des hommes publics qu’il a cru devoir adopter !

Et le député actuel d’Ottawa que l’on a récompensé pour avoir adroitement évité la signification de la contestation ! Et son infortuné adversaire que l’on a puni, pour n’avoir pas su découvrir où M. Scott s’était allé cacher, et auquel on a fait payer les frais de la contestation quoiqu’il eût prouvé qu’il avait la majorité légale des voix !

Quelle amère dérision l’Hon. M. Sicotte nous faisait-il donc subir quand il se donnait indirectement la mission de moraliser nos hommes publics ! Jamais l’immoralité politique n’a porté haut la tête comme pendant la dernière session, et cela sous la scrupuleuse égide des moralisateurs !!