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Une fois les hommes des deux partis hostiles, unis dans une cause apparemment commune, le gouvernement ne pouvait plus marcher qu’au moyen de concessions, de faux-fuyants, de transactions constantes avec les principes, de capitulations journalières avec la conscience, et la corruption devenait, par la seule force des choses, le principal moyen, sinon le seul moyen possible de gouvernement.

De plus, comme depuis deux ans surtout, les ministres Bas-Canadiens étaient considérablement inférieurs, par le talent, à ceux du Haut-Canada, nous n’avons pas fait accepter aux Tories Haut-Canadiens une seule idée vraiment libérale, pendant qu’eux ont transfusé chez nous presque tous leurs principes exclusifs ainsi que leurs traditions despotiques. De là cette absurde appellation, cette immense niaiserie, ce non-sens en politique, qui a consisté à se qualifier de parti libéral-conservateur, c’est à-dire le parti des gens qui professent des principes nécessairement contradictoires, ou ce qui en est forcément la conséquence, qui n’ont aucuns principes quelconques ; qui ne savent que souffler le chaud et le froid ; qui disent oui et qui font non ; qui font profession de libéralisme et l’assassinent dans chacun de leurs actes ; qui en un mot sont tories par goût, mais qui ne laissent pas d’en ressentir quelque peu de honte intime.

Cette monstrueuse alliance produit maintenant ses fruits. L’ancien parti libéral Bas-Canadien n’est occupé depuis quatre ans qu’à aider le parti tory Haut-Canadien à écraser nos seuls amis naturels et possibles les libéraux du Haut-Canada !

Voilà certes une belle et honorable besogne que le tory Cartier, plus réellement tory, parce qu’il est apostat du libéralisme, que Sir Allan McNab lui-même, essaie de nous faire consommer aujourd’hui ? Heureusement les libéraux du Haut-Canada reprennent si victorieusement le dessus que les Bas-Canadiens verront nécessairement bientôt quelle gigantesque ineptie on leur a proposé de commettre.

— Mais dit-on, la double majorité, ou majorité locale comme vous l’appelez, est une absurdité pratique dans deux provinces unies sous le même gouvernement !