Page:Dessaulles - À Messieurs les électeurs de la division de Rougemont.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 7 —

Il n’est évidemment pas juste, quand une mesure quelconque ne concernent que le Bas-Canada, et est conséquemment mieux comprise, en règle générale, par les députés du Bas-Canada que par ceux du Haut, que ceux-ci décident cette question à l’encontre de l’opinion de ceux-là.

Changez les rôles maintenant, et ce qui est injuste ici l’est nécessairement là-bas.

Eh bien, l’administration n’en a pas moins profité de ce qu’elle avait une forte majorité bas-canadienne, pour faire passer malgré l’opposition d’une majorité Haut-Canadienne, des lois que cette dernière majorité repoussait. Quatre ou cinq lois strictement locales, auxquelles la majorité des membres du Haut-Canada s’opposait, ont été imposées au Haut-Canada, par une minorité Haut-Canadienne alliée à la majorité Bas-Canadienne.

Que l’on dise ce que l’on voudra, il n’y a ni justice, ni sagesse dans cette politique ; car il n’est certainement ni juste ni sage, de la part des libéraux du Bas-Canada, d’imposer à la majorité libérale Haut-Canadienne les idées de la minorité tory Haut-Canadienne ; et c’est précisément là ce qu’on a fait.

Et voilà ce qui me paraît être l’argument le plus fort contre les coalitions de partis hostiles. Elle ne peuvent produire que des conséquences immorales.

Il y a quatre ans, le parti libéral Bas-Canadien s’est allié au parti tory Haut-Canadien. L’Hon. M. Morin donna le baiser de paix à Sir Allan McNab. Il y avait pacte d’alliance entre l’archange Michel et Béelzébut. Cette alliance était contre nature. Le parti tory Haut-Canadien ne s’alliait évidemment au parti libéral Bas-Canadien que pour annihiler, si la chose était possible, le parti libéral Haut-Canadien.

Quels avantages les libéraux du Bas-Canada pouvaient retirer de cette combinaison avec leurs ennemis invétérés contre leurs alliés naturels, personne ne s’est donné la peine de le dire alors ; mais les ambitieux y trouvèrent leur compte, et le devoir, et la logique, et le bon sens cédèrent le pas à l’égoïsme. Quelles ont été les conséquences de ce que ceux-là même qui y ont pris part qualifient aujourd’hui de faute grossière ?